Qu’est-ce qu’un cinémix ?

La vogue du Cinémix a connu depuis le début des années 2000 en France un véritable engouement, grâce à de nombreux musiciens électroniques et DJs, invités à donner en live une nouvelle interprétation sonore de films muets. Le duo RadioMentale figure parmi les pionniers et les inventeurs du genre.

A la fois Djs et créateurs sonores, issus de la génération de l’électronique et du mixage, Leloup et Pajot ne se contentent toutefois pas d’apporter au cinéma muet, une simple bande-son moderniste et techno. Mélangeant les influences électro et pop, s’inspirant du classique, de la B.O de film comme du jazz, renouant parfois avec une certaine tradition expérimentale et avant-gardiste, ils parviennent à créer pour chaque film sur lesquels ils travaillent, une bande-son unique, au service de la narration et des personnages. Cependant, ils ne se contentent pas non plus d’illustrer, ou de souligner avec emphase, les différents éléments dramatiques du film. Refusant de recréer l’atmosphère des projections cinématographiques des années 10 ou 20, les bande-sons qu’ils composent et qu’ils assemblent, jouent sur plusieurs niveaux. Plongeant parfois le spectateur dans un état d’hypnose et d’abandon, leurs musiques, aux couleurs intemporelles, soulignent certaines émotions, certains gestes ou mêmes certains détails de l’image, jouent parfois avec les références historiques et cinématographiques, apportent une distance critique ou historique, sans non plus renier une émotion à l’état brut.

Dans les films parlants qu’ils s’approprient, il s’agit pour eux de se livrer, en direct, à une ré-interprétation du film, en créant une nouvelle bande originale et tout en conservant les dialogues originaux. Le duo propose en quelque sorte une autre lecture du film qui, sans dénaturer sa narration, lui apporte une nouvelle dimension, à la fois originale et personnelle, et bien sûr plus volontiers sonore.
Les longs-métrages choisis possèdent souvent des thématiques communes (le rêve éveillé, l’hallucination, l’hypnose, la question de la perception), qui permettent au duo de DJs de déréaliser le film, et de travailler plus encore l’imaginaire du spectateur. Ainsi depuis 2000, radiomentale a « cinémixé » : « Cure » et « Kaïro » de Kyoshi Kurosawa, « Pulsions » de Brian De Palma, « Element of crime » de Lars Von Trier, « Videodrome » de David Cronenberg, « Fight Club » de David Fincher, « Donnie Darko » de Richard Kelly, « Altered States» de Ken Russel, « Blow-Up » de Michelangelo Antonioni, « Gerry » de Gus Van Sant, « Ghost Dog » de Jim Jarmush. Le tout sans oublier des films dadaïstes du début du siècle (signés Man Ray, Fernand Léger, Marcel Duchamp, Hans Richter…), ou des vidéos d’artistes (Eric Pajot, Dominique Gonzales-Foerster…).
Depuis le début des années 2000, RadioMentale réalise ainsi de nombreux cinémixes, en France comme à l’étranger, dans différents festivals (Rencontres Cinématographiques de Seine St Denis, Mon Premier Festival à Paris, commandes du festival des musiques à l’écran de Toulon, d’Itinérances à Alès, des Nuits d’Ô de Montpellier ou du festival du film de La Rochelle), centres culturels (Scène Nationale de Cherbourg, La Cartonnerie de Reims, L’Autre Canal à Nancy, Le Volcan du Havre, Le Séchoir à La Réunion, Alliances françaises et Instituts français de Monterrey, Bucarest ou Mayence), salles de cinéma (Elysées-Biarritz, FEMIS et Point Ligne Plan à Paris, MK2 Bibliothèque et MK2 Quai de Seine, CNP Odéon à Lyon, Variétés à Marseille)